Algérie : corruption et illégitimité, un régime à bout de souffle [OPINION]
Miné par la corruption, la faiblesse de ses institutions et une illégitimité persistante depuis 1962, le régime algérien vacille. Ce délitement progressif menace désormais la survie même de l’État et les intérêts supérieurs du pays.
Un régime fragilisé de l’intérieur
La crise de légitimité qui touche le pouvoir algérien ne cesse de s’aggraver. Elle s’enracine dans un système politique verrouillé, fondé sur des mécanismes autoritaires de reproduction du pouvoir plutôt que sur un véritable consentement populaire. Cette fragilité interne affaiblit profondément la capacité de l’État à incarner un projet national fédérateur et à exercer une gouvernance efficace.
L’absence de transparence, la répression des voix discordantes et la centralisation autoritaire du pouvoir ont engendré une perte de confiance durable entre les citoyens et les institutions. Les crises sociales, économiques et diplomatiques qui s’enchaînent traduisent cette incapacité à gouverner dans l’intérêt collectif par un pouvoir désormais dépassé par les évènements.
La corruption, un mal structurel
Au cœur de cette décadence se trouve une corruption d’une ampleur sans précédent. Elle gangrène les plus hautes sphères de l’État et touche les dirigeants politiques, économiques et militaires. Ces dernières années, des dizaines de hauts responsables — anciens Premiers ministres, ministres, généraux et hommes d’affaires proches du pouvoir — ont été condamnés pour des affaires de détournements massifs, d’abus de pouvoir et de financements occultes.
Cette série de scandales judiciaires révèle l’ampleur d’un système où la corruption sert de levier politique autant que de mode de gestion. Les responsables encore en poste ne sont toutefois pas épargnés par ces pratiques. Loin de s’assainir, l’État algérien demeure prisonnier d’un cercle vicieux où la loyauté prime sur la compétence, la rente sur la bonne gouvernance et l’autoritarisme sur la démocratie.
La faillite d’un modèle de gouvernance
La corruption et la médiocrité des élites dirigeantes font désormais système. Elles bloquent toute possibilité de réforme structurelle et condamnent l’administration publique à l’inefficacité. Les institutions, dépourvues d’autonomie réelle vis à vis du pouvoir réel, peinent à fonctionner. L’autorité de l’État, elle, s’effrite face à des crises récurrentes : inflation persistante, chômage endémique, fuite des compétences, affaiblissement de la justice et recul des libertés publiques.
Ce délitement progressif met en danger la stabilité du pays. À mesure que la confiance s’érode, l’État se délite, laissant place à un vide institutionnel inquiétant où les intérêts personnels l’emportent sur l’intérêt général.
L’épuisement d’un régime sans projet
Les conséquences de cette situation se font sentir sur les causes que le peuple algérien défend historiquement depuis son indépendance, notamment la cause palestinienne et la question sahraouie. La perte d’influence diplomatique, conséquence directe de la faiblesse interne du régime, prive l’Algérie du rôle moteur qu’elle exerçait autrefois dans les luttes décoloniales et la défense des peuples opprimés.
Parallèlement, la répression politique continue d’étouffer la société civile et politique. Des centaines de militants, journalistes et opposants sont emprisonnés, poursuivis ou exilés de force. Ce climat de peur et de méfiance empêche l’émergence d’un débat national constructif et accentue la désagrégation du lien entre l’État et la société. Un autre facteur d’affaiblissement de l’Etat algérien que peinent à prendre en compte les “décideurs”.
L’urgence d’une refondation démocratique
Face à cette impasse, la voie du Hirak — celle d’un changement pacifique, démocratique et radical du régime — apparaît comme la seule alternative crédible pour redonner souffle à la nation. Sans réforme radicale ni ouverture politique, la crise actuelle ne peut que s’aggraver, menaçant la cohésion du pays et ses intérêts stratégiques.
La survie de l’État algérien, dans son intégrité et son autorité, dépend désormais d’un choix clair : maintenir un système affaibli et discrédité, ou engager une transition démocratique authentique portée par la volonté populaire.
La corruption, la médiocrité et l’illégitimité du pouvoir ne sont plus seulement des symptômes, mais les causes directes d’un affaiblissement généralisé de l’État algérien. Sans un sursaut institutionnel et moral, le pays court le risque d’une déliquescence durable, compromettant sa souveraineté et sa stabilité à long terme.
Par ALG247.COM



