Droits de l’homme en Tunisie : Répression politique généralisée sous Kaïs Saïed
Sous la présidence de Kaïs Saïed, la Tunisie connaît une montée inquiétante des violations des droits humains. La société civile s’affaiblit, les opposants politiques sont emprisonnés, et la justice est sous contrôle, suscitant des alertes internationales appuyées par des témoignages poignants.
Atteintes systématiques et témoignages accablants
Les arrestations d’opposants politiques et les procès collectifs abondent sous Kaïs Saïed, symbolisés par l’affaire dite du « complot 2 », qui traduit une instrumentalisation de la justice pour éliminer toute dissidence. Au-delà des violences politiques, des témoignages récents révèlent une dimension raciale dans la répression. Par exemple, Manuela, une jeune demandeuse d’asile camerounaise agressée violemment à Tunis, raconte comment elle a subi une attaque raciste avec insultes et violences physiques. Djomo, un migrant ivoirien, décrit une épisode d’expulsion et de violences avec la complicité des forces de l’ordre, illustrant la situation fragile des migrants subsahariens en Tunisie. Ces violences s’inscrivent dans un contexte où le président lui-même a été accusé de tenir des propos racistes à l’encontre des migrants noirs, perçus comme un danger démographique par le pouvoir.
Le calvaire des prisonniers politiques
Plusieurs figures de l’opposition sont incarcérées dans des conditions alarmantes. Parmi elles, Rached Ghannouchi, leader du parti Ennahda et ancien président du Parlement, est détenu provisoirement sous des accusations strictement politiques. Suivant cette logique répressive, les enfants de plusieurs prisonniers politiques ont demandé à la Cour pénale internationale d’ouvrir une enquête pour crimes contre l’humanité, évoquant des détentions arbitraires, des tortures et des conditions de détention dégradantes. Des témoignages comme celui de Kaouther Ferjani décrivent la cellule surpeuplée de son père, Saïd Ferjani, et son état de santé fragile non pris en compte par les autorités pénitentiaires.
Une pression accrue sur la liberté d’expression et la société civile
Les textes législatifs comme le décret-loi 54, censé lutter contre les « fausses nouvelles », sont utilisés pour museler la presse indépendante, les chroniqueurs et les défenseurs des droits humains. La société civile voit ses acteurs majeurs suspendus et ses actions restreintes, au point que certaines associations emblématiques ne peuvent plus fonctionner normalement. Le climat est marqué par une autocensure généralisée conjuguée à des campagnes de harcèlement et des poursuites judiciaires contre les voix dissonantes.
Continuité d’une crise politique et sociale profonde
Depuis la suspension du Parlement en juillet 2021, le paysage politique tunisien est métamorphosé, avec des opposants systématiquement exclus du jeu électoral, comme Issam Chebbi empêché de se présenter à la présidentielle. La répression s’étend et divise la société, opposant partisans du président et le reste de la société civile notamment les familles de prisonniers politiques qui organisent régulièrement des manifestations pour la libération de leurs proches. Cette polarisation accentue la fragilité démocratique dans un pays autrefois salué comme modèle de transition démocratique post-Printemps arabe.
La Tunisie sous Kaïs Saïed connaît une régression sévère de ses droits fondamentaux, mêlant répression politique, atteintes aux droits des migrants, contrôle renforcé de la justice et quasi-disparition de la liberté d’expression. Témoignages, actions judiciaires internationales et mobilisation locale alertent sur une dérive autoritaire lourde de conséquences pour l’avenir démocratique du pays.
ALG247.COM avec Amnesty International, Human Rights Watch, Cour pénale internationale (plainte des familles), Euronews, Le Monde Afrique, MRAP France, LDH France, UNESCO



