Algérie : durcissement judiciaire contre le trafic de drogue avec réactivation de la peine de mort
L’Algérie met en œuvre une nouvelle loi antidrogue renforçant les peines jusqu’à la peine capitale pour les trafiquants, avec une prise en charge médicale des consommateurs. Ce durcissement juridique intervient face à la gravité du fléau et la protection des lieux sensibles.
Un durcissement sans précédent
Depuis juillet 2025, une nouvelle loi (n°25-03) modifie profondément le cadre juridique algérien en matière de lutte contre le trafic et l’usage de stupéfiants.
La peine de mort, longtemps suspendue, est désormais prévue pour les infractions les plus graves, notamment lorsqu’elles impliquent des stupéfiants synthétiques, des décès ou des atteintes à la santé publique, ou lorsqu’elles sont commises dans ou à proximité d’établissements scolaires, hospitaliers ou sociaux.
La réclusion à perpétuité remplace les peines de 20 à 30 ans, et les sanctions sont globalement doublées pour les trafiquants.
Mesures complémentaires et sanctions
La loi prévoit également la confiscation préventive des biens issus du trafic, l’interdiction de séjour pour les étrangers condamnés, et la déchéance de nationalité pour les naturalisés impliqués dans ces crimes.
Les autorités peuvent publier les identités et photos des condamnés, sauf en cas d’acquittement définitif. Des récompenses financières sont envisagées pour les citoyens qui signalent des infractions, afin de mobiliser la société civile.
Approche différenciée pour les consommateurs
Le ministre de la Justice, Lotfi Boujemaa, a insisté sur le fait que les usagers dépendants ne seront pas poursuivis pénalement, mais bénéficieront d’un traitement médico-social.
Cette distinction vise à ne pas criminaliser l’addiction, mais à la traiter comme un problème de santé publique.
Débat international et enjeux éthiques
La réactivation de la peine de mort suscite des débats internationaux. De nombreuses études montrent que la peine capitale n’a pas d’effet dissuasif significatif sur la criminalité ou le trafic de drogue, et qu’elle peut entraîner des erreurs judiciaires graves.
Dans certains pays, elle a été utilisée comme outil politique, ce qui soulève des questions éthiques et judiciaires dans les démocraties.
Exemple de l’Égypte
En Égypte, sous la dictature militaire du maréchal Abdel Fattah al-Sissi, de nombreux opposants politiques ont été exécutés ou condamnés à mort après des procès jugés inéquitables. Depuis le coup d’État de 2013, le régime a procédé à des milliers d’arrestations d’opposants, dont des militants, des journalistes, des intellectuels et des membres de la société civile.
Plusieurs condamnations à mort ont été prononcées, notamment dans des affaires liées à la contestation politique ou à la défense des droits humains.
Des organisations internationales comme Amnesty International et Human Rights Watch ont documenté l’usage massif de la torture, des disparitions forcées et des exécutions extrajudiciaires, notamment dans le cadre de la répression des manifestations et des mouvements de contestation.
En 2020, le nombre d’exécutions en Égypte a triplé, atteignant 107 cas officiels, et en 2022, près de 538 condamnations à la peine capitale ont été prononcées, faisant du pays l’un des plus grands recours à la peine de mort au monde.
Ces exécutions et condamnations sont souvent perçues comme des outils de répression politique, visant à éliminer les voix critiques et à dissuader toute forme de contestation contre le régime militaire.
L’Algérie adopte une stratégie à la fois répressive et préventive pour lutter contre le trafic de drogue, en réactivant la peine de mort pour les cas les plus graves et en renforçant la prise en charge des consommateurs. Cette réforme marque un tournant dans la politique pénale et sanitaire du pays, tout en relançant le débat sur l’efficacité et l’éthique de la peine capitale.
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