Algérie : multiplication des prisonniers d’opinion et répression politique accrue
La situation des libertés publiques en Algérie continue de se dégrader, selon de nombreuses ONG internationales. Arrestations arbitraires, procès pour de simples “opinions exprimées” et contrôle total des médias illustrent une dérive autoritaire persistante.
Un climat de répression politique généralisée
Depuis plusieurs années, l’espace politique algérien est marqué par une fermeture quasi totale du champ public. Les activités politiques indépendantes, y compris celles issues du mouvement citoyen du Hirak, sont systématiquement interdites ou empêchées.
Les partis d’opposition, associations et syndicats indépendants subissent pressions administratives, convocations judiciaires ou interdictions de rassemblement, selon les rapports d’Amnesty International et de Human Rights Watch publiés en 2025.
Le pouvoir, dominé par l’appareil sécuritaire, refuse toute contestation organisée. Les figures politiques critiques — qu’elles soient issues de la société civile, du monde universitaire ou journalistique — font l’objet de harcèlement, de menaces ou d’arrestations.
Des prisonniers d’opinion toujours plus nombreux
Plusieurs organisations locales, dont le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), recensent plus de 250 personnes détenues pour leurs opinions politiques en 2025.
Ces prisonniers sont souvent poursuivis sous couvert d’articles ambigus du Code pénal, notamment pour “atteinte à l’unité nationale”, “publication de fausses informations” ou “atteinte aux institutions de l’État”.
Parmi eux figurent des journalistes, militants, avocats, étudiants et blogueurs. Certains sont condamnés à des peines de prison fermes pour de simples publications sur les réseaux sociaux.
Le rapport 2025 de Reporters sans frontières (RSF) souligne que l’Algérie “instrumentalise la justice pour museler toute voix indépendante” et que la presse nationale vit sous “un régime de censure et d’autocensure systématique”.
Médias sous contrôle de la police politique
Le paysage médiatique algérien est désormais placé sous le contrôle direct des services de sécurité, selon plusieurs observateurs.
Les journaux publics et privés sont soumis à des pressions économiques et judiciaires, et des chaînes de télévision ou de médias indépendants, comme Maghreb Émergent, ont été fermés ou suspendus.
Les correspondants étrangers rencontrent également des restrictions d’accès, tandis que les médias internationaux critiques ont vu leurs accréditations suspendues ou retirées.
Les journalistes locaux, eux, sont contraints de naviguer entre la censure et l’autocensure. Certains sont poursuivis pour des chefs d’inculpation vagues de “diffusion d’informations hostiles à l’intérêt national”, d’autres subissent un harcèlement administratif ou fiscal.
Une justice sous pression des services de sécurité
Les observateurs internationaux estiment que la justice algérienne reste sous tutelle politique. Les magistrats sont soumis à une double pression hiérarchique et sécuritaire, et les décisions judiciaires dans les affaires politiques sont souvent dictées en amont par les services de renseignement.
Les procès se tiennent fréquemment sans le respect minimum des procédures légales et sans respect des garanties de défense. Des avocats engagés dénoncent une instrumentalisation de la loi antiterroriste pour justifier la répression des opinions pacifiques.
un verrouillage institutionnel durable
Alors que le gouvernement affirme lutter contre la “désinformation” et protéger la “stabilité nationale”, la réalité observée par les ONG, les médias indépendants et les instances internationales témoigne d’un verrouillage institutionnel sans précédent.
L’Algérie s’enfonce dans une crise politique de légitimité où toute expression dissidente est assimilée à une menace, éloignant encore le pays de l’ouverture démocratique réclamée par la population depuis le Hirak de 2019.
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