Turquie : mandat d’arrêt contre Benjamin Netanyahu pour génocide à Gaza
La justice turque a émis un mandat d’arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et 36 hauts responsables israéliens, pour génocide et crimes contre l’humanité à Gaza. Cette décision historique accentue la rupture entre Ankara et Tel-Aviv.
La Turquie vise Netanyahu et 36 responsables israéliens
Le parquet d’Istanbul a annoncé, vendredi 7 novembre 2025, la délivrance de mandats d’arrêt internationaux contre Benjamin Netanyahu et 36 hauts responsables du gouvernement et de l’armée israélienne. Ces poursuites portent sur des accusations de génocide et de crimes contre l’humanité commis dans la bande de Gaza au cours de plus de deux années d’offensive militaire.
La décision, validée par le tribunal de permanence d’Istanbul, s’appuie sur les articles 76 et 77 du Code pénal turc, qui criminalisent ces actes, ainsi que sur le principe de juridiction universelle.
Des preuves jugées accablantes
Le dossier de l’accusation mentionne plusieurs incidents qualifiés de crimes graves :
- Le bombardement de l’hôpital d’amitié turco-palestinien le 21 mars 2025.
- L’attaque contre l’hôpital Al-Ahli le 17 octobre 2023.
- Le meurtre de la fillette palestinienne Hind Rajab, retrouvée criblée de 335 impacts de balles.
- L’interception en eaux internationales du navire Global Sumud Flotilla en octobre 2025, dont les passagers – des activistes internationaux expulsés vers la Turquie – ont témoigné en tant que victimes.
Parmi les personnalités visées figurent le ministre de la Défense Israel Katz, le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben-Gvir, le chef d’état-major Eyal Zamir et le commandant de la marine David Saar Salama.
Une coordination institutionnelle et politique
Le parquet indique avoir conduit son enquête avec les ministères turcs de la Justice et des Affaires étrangères, rassemblant des rapports médicaux et psychologiques sur les témoins rapatriés.
Le président Recep Tayyip Erdoğan a salué « une étape historique pour que les responsables du génocide rendent des comptes devant la justice universelle ». Ankara avait rejoint, en 2024, la plainte déposée par l’Afrique du Sud contre Israël devant la Cour internationale de justice (CIJ).
Réactions israéliennes et tensions diplomatiques
Le gouvernement israélien a dénoncé la mesure, qualifiée « d’antisémite et politiquement motivée ». Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Oren Marmorstein, a annoncé la convocation de l’ambassadeur turc et l’interdiction d’entrée sur le territoire israélien des 37 responsables mis en cause.
Des sources proches de l’exécutif israélien ont prévenu qu’une application de ces mandats « nuirait de manière irréversible » aux relations bilatérales, déjà rompues depuis 2023. Ankara pourrait néanmoins solliciter l’émission de notices rouges Interpol, même si leur application reste incertaine, Israël ne reconnaissant pas la compétence judiciaire turque.
Conséquences régionales et économiques
Les experts estiment que cette décision pourrait aggraver les tensions diplomatiques au sein de l’OTAN, dont la Turquie est membre. Elle pourrait également affecter les échanges commerciaux entre les deux pays : en 2024, la Turquie figurait parmi les huit premiers partenaires économiques d’Israël.
Enfin, cette crise risque de compromettre le cessez-le-feu partiel négocié par les États-Unis et en vigueur depuis le 15 octobre 2025.
En ordonnant des mandats d’arrêt contre Benjamin Netanyahu et plusieurs hauts responsables israéliens, la Turquie s’affirme comme l’un des États les plus actifs dans la défense juridique des civils palestiniens. Mais cette démarche judiciaire inédite risque d’approfondir la fracture politique entre Ankara et Tel-Aviv et d’alimenter les tensions dans toute la région.
ALG247.COM avec Agences



