Nouvelle flottille pour Gaza interceptée par la marine israélienne dans les eaux internationales
Trois navires humanitaires de la coalition Global Sumud Flotilla ont été arraisonnés mercredi 8 octobre par la marine israélienne à plus de 200 kilomètres des côtes de Gaza. L’opération, menée dans les eaux internationales, suscite une vague de réactions en Europe et relance le débat sur la légalité de ces interceptions maritimes.
Des bateaux humanitaires stoppés loin des côtes
Selon la coalition internationale Global Sumud Flotilla, trois navires — le Gaza Sunbirds, l’Alaa Al-Najjar et l’Anas Al-Sharif — ont été interceptés à environ 220 kilomètres au large de Gaza, dans les eaux internationales. Un quatrième bateau, le Conscience, transportant plus de 90 passagers, dont des médecins, des journalistes et des militants, aurait été la cible d’une attaque par hélicoptère israélien, selon les organisateurs.
Le ministère israélien des Affaires étrangères a confirmé l’interception, qualifiant l’initiative de « tentative futile de pénétrer dans une zone de combat ». Les passagers, a-t-il indiqué, ont été transférés vers un port israélien et « devraient être expulsés rapidement ».
Une aide médicale estimée à 110 000 dollars
D’après les organisateurs, les navires transportaient environ 110 000 dollars d’aide humanitaire, composée de médicaments, d’équipements respiratoires et de produits de nutrition destinés aux hôpitaux de Gaza, où les ressources médicales sont épuisées après plusieurs mois de guerre.
La flottille, partie d’Italie, s’inscrivait dans la continuité d’une campagne internationale visant à briser le blocus maritime illégal imposé par Israël sur la bande de Gaza. Ce convoi faisait suite à un premier groupe d’embarcations interceptées début octobre, dont faisait partie la militante écologiste suédoise Greta Thunberg, expulsée lundi par les autorités israéliennes.
Des ressortissants européens parmi les passagers
Plusieurs citoyens européens se trouvaient à bord des navires interceptés. Parmi eux, le rappeur belge Youssef Swatt’s, la députée belge Bénédicte Linard, ainsi que les militants Dan Jans et Mohamed Azzouz. Dans un message préenregistré diffusé sur les réseaux sociaux, ils avaient averti : « Si vous voyez cette vidéo, c’est que j’ai été kidnappé par les forces israéliennes. »
Les avocats de Youssef Swatt’s ont dénoncé dans un communiqué un « enlèvement contraire au droit international », soulignant que « l’arraisonnement, le transfert forcé et la détention de civils en dehors de tout cadre judiciaire légitime » constituent une violation grave du droit maritime.
Des appels à la libération immédiate
En Belgique, en France et en Corse, plusieurs organisations ont appelé leurs gouvernements respectifs à intervenir pour obtenir la libération des personnes arrêtées.
Parmi les passagers figure également Isaline Choury, 82 ans, militante corse et fille du résistant Maurice Choury. Avant son arrestation, elle avait enregistré un message vidéo depuis le navire Conscience, déclarant :
« Nous sommes sept citoyens français à bord. Si vous voyez cette vidéo, c’est que nous avons été arrêtés illégalement en mer et kidnappés par les forces israéliennes d’occupation. »
À Ajaccio, un rassemblement de soutien a été organisé mercredi soir devant la préfecture. La présidente de l’Assemblée de Corse, Marie-Antoinette Maupertuis, a exprimé sur les réseaux sociaux son « soutien total » à la militante et réclamé sa libération immédiate.
Des arraisonnements contraires au droit international
Les arraisonnements de navires civils dans les eaux internationales sont considérés par les juristes comme illégaux au regard du droit maritime. En vertu de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (1982), un État ne peut intercepter un navire étranger en haute mer que dans des cas très précis : piraterie, trafic d’armes, esclavage ou absence de pavillon.
Plusieurs organisations de défense des droits humains estiment donc que ces interceptions constituent des actes de piraterie et peuvent être assimilées à des violations graves du droit international humanitaire.
Une action internationale persistante
La coalition Global Sumud Flotilla regroupe des militants issus de plus de 40 pays. Ses organisateurs affirment que d’autres bateaux continuent leur route vers Gaza, malgré les interceptions successives. « Nous ne cesserons pas d’essayer de livrer l’aide humanitaire à une population assiégée », a déclaré la coalition dans un communiqué. « Notre mission est pacifique et légitime. »
Depuis le début de ses opérations, plusieurs flottille similaires ont été interceptées par Israël, souvent avec des passagers expulsés après détention. Les Nations unies n’ont pas encore réagi officiellement à cette nouvelle opération.
ALG247.COM Avec AFP et Global Sumud Flotilla
