Dix-sept jeunes Marocains, accusés d’avoir participé aux récentes manifestations de la “GenZ 212”, ont été condamnés à des peines de prison allant jusqu’à quinze ans de prison. Une décision judiciaire sévère qui suscite de vives réactions et ravive le débat sur la liberté d’expression au Maroc.
Un verdict exemplaire à Agadir
Le 14 octobre 2025, la cour d’appel d’Agadir a condamné 17 jeunes Marocains à des peines comprises entre trois et quinze ans de prison pour “vandalisme” et “troubles à l’ordre public”. Ces condamnations font suite aux manifestations nocturnes survenues du 30 septembre au 1er octobre dans la commune d’Aït Amira, dans la province de Chtouka-Aït Baha, rapportent les sites marocains TelQuel et Yabiladi.
La justice s’est notamment appuyée sur des vidéos montrant des jeunes jetant des projectiles sur un véhicule en feu. Parmi les condamnés figure également un jeune homme reconnu coupable d’avoir diffusé des vidéos liées au mouvement GenZ 212, sanctionné de cinq ans de prison.
GenZ 212, symbole d’une jeunesse en colère
Le mouvement GenZ 212, né sur les réseaux sociaux fin septembre, réunit de jeunes Marocains issus de la génération Z, revendiquant plus de justice sociale et une meilleure gouvernance. Inspiré de mouvements similaires apparus à Madagascar ou aux Philippines, il a rapidement mobilisé des milliers de jeunes dans plusieurs villes du pays.
D’après El Confidencial, près de 600 personnes, dont de nombreux mineurs, ont été arrêtées depuis le début du mouvement. Les ONG de défense des droits humains dénoncent une politique répressive qui “étouffe les protestations” et accentue le climat de peur.
Campagne de dénigrement et fractures numériques
Toujours selon El Confidencial, des comptes en ligne proches du pouvoir mènent activement une campagne de discrédit envers les militants exilés et anciens prisonniers politiques. Ces derniers sont accusés d’avoir manipulé les manifestations de la “GenZ 212”.
Le média espagnol souligne que “le régime s’appuie de nouveau sur une justice non indépendante” pour tenter de contenir la mobilisation numérique et de dissuader de nouveaux rassemblements.
La réponse politique du gouvernement
Face à la contestation, le gouvernement marocain tente d’apporter une réponse économique et sociale. Le 19 octobre, le roi Mohammed VI a présidé un Conseil des ministres au Palais royal de Rabat consacré au projet de loi de finances 2026. Ce texte prévoit un budget global de 140 milliards de dirhams (environ 13,1 milliards d’euros) et la création de 27 000 postes dans les secteurs de la santé et de l’éducation. Le plan intègre aussi des aides mensuelles comprises entre 50 et 100 dirhams par enfant pour les familles ayant trois premiers, ainsi qu’un soutien accru aux orphelins et enfants abandonnés. Selon le gouvernement, près de 4 millions de ménages devraient bénéficier de ces mesures.
Une fracture générationnelle persistante
Malgré ces annonces, de nombreux observateurs estiment que la jeunesse marocaine attend des réformes plus profondes, touchant à la liberté d’expression, à l’emploi et à l’avenir politique du pays. L’écho des manifestations de la “GenZ 212”, même réprimées, révèle une fracture générationnelle persistante qui interroge les fondements du contrat social au Maroc.
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