Gaza : Israël restitue des dépouilles mutilées, soupçons d’extractions d’organes
La cellule médico-légale palestinienne joue un rôle central dans la collecte de preuves sur les violences en Gaza, facilitant des milliers de plaintes auprès de la Cour pénale internationale. Sa création et sa mission illustrent la stratégie juridique déployée depuis l’adhésion palestinienne à la CPI.
La médecine légale palestinienne face à la CPI
Créée peu après l’arrivée du Hamas au pouvoir à Gaza en 2006, la cellule médico-légale Forensic Team, entièrement constituée de professionnels palestiniens, s’est imposée comme un acteur clé dans la documentation des violences dans la bande de Gaza. Cette structure, soutenue par une formation rigoureuse et un renouvellement constant de ses effectifs, permet la collecte de preuves scientifiques des violations présumées commises par l’armée israélienne, principalement lors des épisodes de confrontation comme les Marches du Retour en 2018.
3 000 plaintes envoyées à la Cour pénale internationale
Au cours des événements qui ont marqué les Marches du Retour en 2018, la Forensic Team a constitué et transmis près de 3 000 dossiers médico-légaux à la Cour pénale internationale (CPI), concernant principalement les blessures graves – souvent invalidantes à vie – et les décès de manifestants palestiniens. La précision et le professionnalisme de ce travail visent à garantir la recevabilité des preuves au regard des standards internationaux exigés par la justice pénale.
Le rôle de Christophe Oberlin et enjeux humanitaires
Professeur Christophe Oberlin, chirurgien humanitaire français régulièrement intervenu à Gaza, a souligné lors de son interview sur Al24news (22 octobre 2025) l’importance du travail médico-légal palestinien ainsi que la nécessité de constituer des dossiers solides pour la justice internationale. Oberlin, qui a formé des médecins sur place et recueilli de nombreux témoignages, s’est fait le porte-voix des victimes, dénonçant la gravité des blessures et la situation désastreuse dans laquelle sont parfois rendus les corps des Palestiniens à leurs familles.
Palestine, CPI et reconnaissance internationale
Depuis le 1er avril 2015, la Palestine est officiellement membre de la CPI, dont elle reconnaît la compétence sur les faits survenus à partir du 13 juin 2014. Cette démarche vise à mobiliser les instruments juridiques internationaux pour répondre à l’impasse politique et garantir l’établissement des responsabilités, notamment sur les accusations de crimes de guerre. Face à cette stratégie, Israël et les États-Unis ne reconnaissent pas la compétence de la CPI, une posture qui renforce le contraste entre l’attitude palestinienne, favorable au recours au droit international, et celle des autorités israéliennes et américaines.
Les défis d’un recours judiciaire international
Si l’adhésion palestinienne à la CPI constitue un tournant symbolique et stratégique, les procédures demeurent longues et complexes. Les autorités de Ramallah, de même que les équipes médico-légales de Gaza, voient dans la CPI un outil pour contrer la répétition des blocages diplomatiques et pour répondre à la frustration face à une justice parfois jugée à deux vitesses. À ce jour, les enquêtes ouvertes témoignent de la difficulté à mobiliser la justice internationale dans des conflits où la politisation des instances et la non-reconnaissance par certains États constituent de sérieux obstacles.
La mobilisation des équipes médico-légales palestiniennes et l’adhésion de la Palestine à la Cour pénale internationale s’inscrivent dans une démarche de recherche de justice fondée sur la rigueur scientifique et le droit international. Face à la non-reconnaissance de la CPI par Israël et les États-Unis, cette stratégie met en lumière les tensions entre instruments juridiques et enjeux politiques dans le conflit israélo-palestinien.
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