Piratage en mer : la marine israélienne intercepte le dernier navire de la Flottille Sumud
Alors qu’il naviguait en eaux internationales vers Gaza, le navire humanitaire Marinette, dernier bâtiment de la Flottille de la Résilience mondiale, a été piraté par la marine coloniale israélienne. À bord se trouvaient des militants de plusieurs nationalités, dont des citoyens algériens à l’instar de l’ancien président du MSP, Abderrazak Makri. Plus de 470 activistes sont désormais détenus à Ashdod.
Le dernier navire de la Flottille Sumud, baptisé Marinette, a été intercepté ce vendredi par des commandos de la marine israélienne alors qu’il faisait route vers Gaza. Selon le comité organisateur de la Flottille de la Résilience mondiale, le bâtiment a été « attaqué dans les eaux internationales », constituant un nouvel acte de piraterie en mer de la part de l’armée coloniale israélienne.
Des médias israéliens ont confirmé que l’unité navale d’élite Shayetet 13 avait pris le contrôle du navire. Le Marinette, retardé par une panne mécanique, transportait une quarantaine de militants internationaux venus dénoncer le blocus imposé à la bande de Gaza depuis plus de 17 ans.
Parmi les passagers figurent plusieurs Algériens, dont Abderrazak Makri, ancien président du Mouvement de la Société pour la Paix (MSP), et le journaliste Mehdi Makhloufi de la chaîne Echourouk News. Des vidéos diffusées par l’armée d’occupation ont montré les activistes menottés, utilisées à des fins de propagande.
470 militants détenus à Ashdod
Selon l’AFP, 470 militants issus de 41 navires de la Flottille Sumud ont été arrêtés depuis le début de la semaine. Tous ont été transférés au port d’Ashdod, où ils subissent des interrogatoires. L’entité sioniste proposerait une expulsion vers l’Europe en échange de la signature d’un ordre d’expulsion.
Le Comité international pour la levée du blocus de Gaza a annoncé qu’une partie des détenus ont entamé une grève de la faim illimitée pour protester contre leur arrestation. Le communiqué précise que les communications avec le Marinette ont été brutalement coupées dès le début de l’assaut.
Indignation internationale et réactions officielles
L’abordage du Marinette et l’arrestation des militants de la Flottille humanitaire Global Sumud ont suscité une vague d’indignation à travers le monde.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé Israël à « respecter les lois internationales régissant les eaux internationales » et à « garantir la dignité et la sécurité des militants détenus ».
La Chine a exigé un « accès sûr et rapide » de l’aide humanitaire à Gaza, tandis que la Belgique a convoqué l’ambassadeur israélien à Bruxelles pour demander des explications sur une « ingérence qui suscite de graves inquiétudes ».
La Turquie, le Pakistan, l’Iran et la Tunisie ont également dénoncé des violations répétées du droit international.
Solidarité et nouvelles initiatives
À Alger, la direction du MSP a déclaré suivre de près les « développements tragiques » de la Flottille Sumud. Le mouvement a affirmé déployer « tous les efforts diplomatiques et humanitaires nécessaires » pour garantir le retour en sécurité des militants algériens.
Malgré les arrestations, le Comité international pour la levée du blocus a annoncé qu’une nouvelle vague de neuf navires était déjà en route vers Gaza. Parmi eux, le grand navire Al-Dhamir (« La Conscience »), transportant journalistes, médecins et défenseurs des droits humains.
Un contexte humanitaire désastreux à Gaza
Ces événements surviennent alors que les agressions militaires israéliennes contre la bande de Gaza continuent de provoquer un lourd bilan humain. Selon les autorités sanitaires palestiniennes, plus de 66 000 personnes ont été tuées et près de 169 000 blessées depuis octobre 2023.
Les Nations unies ont rappelé vendredi que les « zones de sécurité » désignées par l’armée d’occupation sont en réalité devenues des « lieux de mort », où les civils sont continuellement bombardés.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que 42 000 personnes souffrent de blessures graves, dont un quart sont des enfants. L’organisation alerte sur la pénurie de personnels médicaux et la destruction systématique des infrastructures sanitaires à Gaza.
Mobilisation en Europe
En France, un rassemblement à Marseille a eu lieu jeudi pour dénoncer la vente de composants militaires par l’entreprise Eurolinks à l’armée israélienne. La Ligue des Droits de l’Homme (LDH) a déposé plainte contre l’entreprise pour complicité de crimes contre l’humanité et complicité de génocide.
Des actions similaires se multiplient dans plusieurs ports européens, notamment à Marseille-Fos, où des dockers ont refusé de charger du matériel destiné à l’armée israélienne, exprimant leur refus de « participer au génocide en cours ».
La Flottille Sumud, symbole de résistance civile
Lancée début septembre, la Flottille Sumud — ou « Flotte de la Résilience » — regroupe 45 navires partis de plusieurs ports européens, avec à leur bord des centaines de militants venus de plus de 40 pays, parmi lesquels la militante suédoise Greta Thunberg et la députée européenne Rima Hassan.
Objectif : briser le blocus maritime imposé à Gaza et livrer une aide humanitaire à la population palestinienne.
