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mercredi, novembre 19, 2025

L’Algérie lance un appel d’offres pour 50 000 tonnes de blé dur

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Rédaction Économie — ALG247.COM
Publié le 15 octobre 2025


Un nouvel appel d’offres de l’OAIC

L’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) a lancé un appel d’offres international portant sur l’achat de 50 000 tonnes nominales de blé dur, selon des informations publiées par le cabinet d’analyse agricole UkrAgroConsult et confirmées par plusieurs sources commerciales européennes.

Les soumissions sont ouvertes jusqu’au mercredi 15 octobre et doivent rester valides jusqu’au jeudi 16 octobre. Les livraisons sont prévues sur quatre périodes successives :

  • du 1er au 15 novembre,
  • du 16 au 30 novembre,
  • du 1er au 15 décembre,
  • et du 16 au 31 décembre 2025.

L’appel d’offres précise que l’origine du blé est « optionnelle », ce qui signifie que les fournisseurs peuvent proposer des grains provenant de diverses zones exportatrices — notamment le Canada, la France, l’Italie ou l’Espagne, principaux acteurs du marché mondial du blé dur.


Un volume “nominal”, mais potentiellement plus élevé

Le qualificatif « nominal » est un terme technique fréquemment utilisé par l’OAIC : il indique une quantité de référence susceptible d’être ajustée à la hausse selon les conditions du marché ou les besoins internes.

Dans les faits, l’Algérie achète régulièrement plus que le volume annoncé. Lors d’appels d’offres précédents, les acquisitions ont parfois doublé les prévisions initiales, notamment en période de tension sur les cours mondiaux ou de faible récolte nationale.

Cette approche donne aux autorités une marge de flexibilité budgétaire et logistique, tout en évitant de signaler trop tôt les volumes exacts recherchés — une pratique courante dans les marchés publics de matières premières.


Un pays structurellement importateur

Malgré des politiques successives visant à renforcer la production céréalière nationale, l’Algérie demeure un des plus grands importateurs de blé dur au monde.

Selon les données du ministère de l’Agriculture, la production nationale de blé dur s’est établie à environ 2,8 millions de tonnes en 2024, un chiffre en baisse par rapport à l’année précédente, principalement en raison de conditions climatiques défavorables et d’un stress hydrique prolongé.

La consommation intérieure, elle, dépasse les 4,5 millions de tonnes par an, alimentée par la forte demande en semoule, pâtes et couscous, produits essentiels dans le régime alimentaire algérien. Ce déséquilibre structurel entre production et consommation justifie le recours régulier aux marchés internationaux.


Un contexte mondial tendu sur les prix du blé dur

L’appel d’offres intervient alors que les prix mondiaux du blé dur connaissent une volatilité accrue. La sécheresse au Canada, premier exportateur mondial, et les baisses de rendement observées dans le sud de l’Europe ont réduit les disponibilités exportables.

Selon le Conseil international des céréales (CIC), les cours du blé dur ont progressé de près de 18 % depuis le début de 2025, atteignant en moyenne 490 dollars la tonne sur les marchés européens. Cette tension se répercute directement sur les pays importateurs comme l’Algérie, qui doit arbitrer entre coûts d’approvisionnement et sécurité alimentaire.

Les négociants estiment que cet appel d’offres pourrait servir de test de marché pour évaluer les prix en fin d’année, à un moment où les disponibilités européennes diminuent et où les exportateurs canadiens reprennent leurs expéditions après une saison marquée par des retards logistiques.


Enjeux géoéconomiques et logistiques

L’Algérie privilégie traditionnellement les importations via les ports d’Oran, de Skikda et d’Alger, où sont concentrées les infrastructures de stockage et de mouture. Le choix d’une origine optionnelle permet une diversification des routes d’approvisionnement, limitant la dépendance à un seul fournisseur.

Cette politique de diversification s’inscrit dans une stratégie plus large de sécurisation alimentaire, au même titre que les réformes agricoles en cours visant à moderniser l’irrigation et à encourager la culture du blé dur dans les Hautes Plaines.

Les importations sont financées via la Banque d’Algérie, sous supervision du ministère du Commerce et de la Promotion des exportations, qui veille à limiter l’impact des fluctuations monétaires sur la facture céréalière nationale.


Analyse : entre prudence budgétaire et impératif alimentaire

Cet appel d’offres illustre la politique d’approvisionnement prudente de l’Algérie, qui cherche à sécuriser ses besoins sans compromettre son équilibre budgétaire.

Alors que le pays dispose encore de réserves de change estimées à plus de 70 milliards de dollars, la volatilité des prix de l’énergie et des denrées agricoles impose une gestion rigoureuse des importations stratégiques.

Pour les acteurs du marché, cette nouvelle commande s’inscrit dans une logique de stabilisation des prix domestiques et de préparation aux incertitudes climatiques de 2026.


Sources

  • UkrAgroConsult (2025) – Algeria tenders to buy nominal 50,000 tons of durum wheat, traders say
  • Conseil international des céréales (CIC)
  • Ministère de l’Agriculture et du Développement rural (Algérie)
  • Données de marché : European Grain Exchange, Reuters Commodities
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