Brandt cherche un second souffle
En difficulté sur un marché en recul, Brandt s’est placé sous protection judiciaire pour élargir sa recherche d’investisseurs. Le fabricant, propriété du groupe algérien Cevital, mise sur cette procédure pour préserver ses 750 emplois et relancer sa croissance.
Le fabricant d’électroménager Brandt, propriété du groupe algérien Cevital depuis 2014, a été placé en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Nanterre. Une procédure initiée à la demande de l’entreprise, avec pour objectif de préserver son activité et de faciliter l’arrivée de nouveaux investisseurs.
Un fleuron français sous pavillon algérien
Symbole industriel, Brandt avait été repris en 2014 par Cevital, conglomérat algérien fondé par Issad Rebrab. L’opération marquait alors une étape forte : un industriel algérien à la tête d’une marque historique de l’électroménager français. Cevital avait promis un nouveau souffle, avec des investissements dans les usines et une stratégie tournée vers l’international.
Aujourd’hui, Brandt affiche un chiffre d’affaires annuel d’environ 260 millions d’euros, dont 70 % en France et 30 % à l’étranger, avec une présence dans 36 pays. Mais la rentabilité est restée fragile, accentuée par la crise du secteur.
Un secteur sous pression
Le marché du gros électroménager traverse une passe difficile. Selon le Gifam, les ventes ont reculé de 3,9 % en 2024, après déjà une baisse en 2023, dans un contexte marqué par la crise immobilière. Or, l’achat d’un réfrigérateur ou d’une machine à laver reste souvent lié à un déménagement ou à l’acquisition d’un logement.
Brandt, qui emploie environ 750 salariés en France, s’appuie sur deux sites industriels principaux en Centre-Val de Loire : Saint-Jean-de-la-Ruelle (350 employés) et Vendôme (près de 100 personnes), ainsi qu’un centre de services et un siège social en région parisienne. La décision du tribunal gèle les dettes, maintient l’activité et ouvre une période d’observation de deux mois.
Une recherche active de partenaires
Selon la direction, des discussions avec des partenaires financiers et industriels étaient engagées depuis plusieurs mois, mais sans aboutir. Le redressement judiciaire doit élargir le champ des possibilités et accélérer la recherche de repreneurs ou d’investisseurs. Plusieurs pistes seraient déjà étudiées.
Entre héritage et avenir
Cette mise sous protection judiciaire intervient à peine quelques mois après les célébrations du centenaire de Brandt à Saint-Jean-de-la-Ruelle. Une histoire industrielle jalonnée de reprises, déjà marquée en 2013 par le sauvetage de Fagor-Brandt par Cevital.
Reste à savoir si la procédure actuelle permettra de sécuriser l’avenir de la marque, dans un secteur en pleine recomposition, où la compétitivité passe par l’innovation, l’optimisation des coûts et la conquête de nouveaux marchés.
Synthèse ALG247
Photo: Issad Rebrab, le patron du groupe diversifié Cevital qui a racheté Brandt en 2014. © Bruno LEVY pour Jeune Afrique