Algérie : maintien sur la « liste grise » du GAFI, enjeux et efforts contre le blanchiment d’argent
L’Algérie figure toujours sur la liste grise du Groupe d’action financière (GAFI) en matière de lutte contre le blanchiment d’argent. Malgré les efforts entrepris par la Banque d’Algérie et les autorités, des risques structurels persistent dans plusieurs secteurs de l’économie et des réformes sont en cours pour améliorer la conformité selon les autorités algériennes.
Un contexte structurel marqué par l’informel et la fraude
Le rapport sectoriel de la Banque d’Algérie révèle qu’entre 30 et 35% du PIB national provient de l’économie informelle, exposant le pays à des flux financiers difficiles à contrôler et à des pratiques illicites telles que la fraude fiscale, la corruption et le blanchiment d’argent. Cette situation a contribué au maintien de l’Algérie sur la liste grise du GAFI depuis octobre 2024, malgré la mise en place de nouvelles mesures réglementaires et de contrôle.
La fraude fiscale constitue la menace principale, représentant plus du tiers des saisies et confiscations répertoriées entre 2019 et 2023. Les revenus issus de ces activités sont fréquemment blanchis dans l’immobilier, par l’acquisition de biens de luxe ou via le marché parallèle des devises. Les secteurs comme l’importation, la construction et le commerce sont particulièrement exposés, tout comme certaines catégories de fonctionnaires et d’entrepreneurs privés impliqués dans des circuits complexes d’évasion de capitaux.
Les risques identifiés : immobilier, corruption, trafic
L’immobilier est régulièrement cité comme le vecteur privilégié de blanchiment, les auteurs dissimulant leur profil pour contourner les contrôles liés à l’acquisition de biens. De plus, la corruption, bien qu’en légère baisse parmi les infractions les plus préoccupantes, reste une source majeure d’alimentation des circuits illégaux, tout comme le trafic de drogue, les infractions douanières et la contrebande. Les opérations de blanchiment transitent peu directement par le système bancaire, mais celui-ci demeure exposé de façon indirecte, en particulier à travers les transactions immobilières.
Le rapport met également en avant la vulnérabilité de certains établissements comme Algérie Poste, dont le vaste réseau et la diversité de la clientèle augmentent le risque, en raison de mécanismes de contrôle jugés encore perfectibles.
Dispositifs en évolution et perspectives de sortie de la liste grise
Face à ces défis, les autorités algériennes ont renforcé leur plan d’action depuis la mise sous surveillance renforcée par le GAFI. Le gouverneur de la Banque d’Algérie souligne les avancées notables : révision du cadre réglementaire, stratégies d’atténuation des risques, formations ciblées pour les professionnels du secteur financier et création d’un Comité de coordination nationale dédié.
L’objectif affiché est d’aligner le dispositif national de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme (LBC/FT) sur les standards internationaux, dans l’espoir d’une sortie rapide de la liste grise. La modernisation du système bancaire, amorcée avec la numérisation des paiements et la nouvelle loi monétaire et bancaire, doit également réduire la circulation d’argent liquide et accroître la traçabilité des flux financiers à l’horizon 2028.
L’Algérie fait face à des défis conséquents pour éradiquer le blanchiment d’argent, aggravés par l’ampleur de l’informel et la persistance de secteurs à risque. La poursuite et la consolidation des réformes engagées, l’implication accrue de tous les acteurs économiques et un renforcement des contrôles sont cruciaux pour sortir de la liste grise du GAFI et garantir une meilleure transparence financière.
ALG247.COM (avec agences)



