Moufdi Zakaria : le poète de la révolution algérienne et auteur de « Kassaman »
Moufdi Zakaria demeure une figure emblématique de la lutte pour l’indépendance algérienne et un poète dont la voix a marqué les consciences. Auteur de l’hymne national « Kassaman », il a incarné le combat pour la liberté, mais a aussi subi l’exil forcé à cause de ses positions politiques et de son engagement critique envers le pouvoir post-colonial.
Un militant et intellectuel issu du Mzab
Né le 12 juin 1908 à Béni Izguen dans la vallée du Mzab (wilaya de Ghardaïa), Moufdi Zakaria, de son vrai nom Cheikh Zakaria Ben Slimane Ben Yahia, est issu d’une famille mozabite érudite. Il fait ses études primaires dans sa région, puis poursuit son parcours à Tunis, notamment à la haute institution de la mosquée de la Zaïtouna, qui a structuré son engagement intellectuel et politique.
Militant depuis les années 1930, il s’investit dans plusieurs structures nationalistes, parmi lesquelles l’Association des étudiants musulmans nord-africains, l’Étoile nord-africaine, le Parti du Peuple Algérien (PPA), le Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques (MTLD) et enfin le Front de Libération Nationale (FLN). Il a aussi dirigé le journal militant Échaâb et a été secrétaire général du PPA. Sa ténacité lui vaut cinq emprisonnements successifs avant l’indépendance.
Un poète engagé au cœur de la révolution
Par sa poésie, Moufdi Zakaria donne voix au combat du peuple algérien. Il est l’auteur des paroles de « Kassaman », rédigées en 1955 dans sa cellule à la prison de Serkadji. Cette œuvre majeure devient l’hymne national dès 1962, symbole vibrant de la résistance et de la souveraineté retrouvée.
Parmi ses œuvres littéraires majeures figurent notamment « La Flamme sacrée », « À l’ombre des oliviers », « L’Iliade algérienne », qui témoignent d’une poésie à la fois engagée et profondément humaine, nourrie du contexte maghrébin et des aspirations à l’unité du continent nord-africain.
Exil et opposition politique après l’indépendance
Contrairement à certaines idées reçues, l’exil de Moufdi Zakaria n’est pas lié à la Marche verte. Son éloignement est lié à ses critiques franches du nouveau pouvoir algérien après l’indépendance, notamment envers les dérives autoritaires. Ses engagements politiques courageux et son refus des compromissions lui valent la marginalisation, la surveillance policière et des persécutions.
Après sa libération en 1959, il quitte clandestinement l’Algérie pour s’installer d’abord au Maroc, puis en Tunisie, où il poursuit son combat intellectuel, militant pour une Algérie fidèle aux idéaux de la révolution. Moufdi Zakaria meurt en 1977 à Tunis lors du premier jour du Ramadan. Sa dépouille est ramenée à Béni Izguen, où il repose aujourd’hui.
Un legs poétique et patriotique durable
Moufdi Zakaria laisse derrière lui une œuvre poétique riche, patriotique et visionnaire, symbole des valeurs de liberté, de justice et d’unité maghrébine. Ses poèmes continuent d’être étudiés et célébrés en Algérie, honorant la mémoire d’un homme de lettres et d’action au service de la nation.
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