Diplomatie des cadeaux : l’art de séduire Donald Trump
À l’ère Trump, la diplomatie semble moins passer par les intérêts économiques que par le faste des cadeaux personnels. De la Suisse à la Silicon Valley, l’or et les montres de luxe remplacent parfois les arguments politiques.
Quand la politique se confond avec la flatterie
La diplomatie mondiale a connu bien des visages : celle des alliances, des traités, des pressions stratégiques. Sous Donald Trump, elle semble avoir pris une tournure moins conventionnelle, flirtant avec les codes anciens des cours royales, où les présents fastueux ouvraient des portes que les discours ne pouvaient pas franchir.
Depuis le lancement de sa « guerre commerciale » et la multiplication des taxes douanières, nombre de dirigeants ont compris que convaincre Trump nécessitait autre chose qu’un argument économique bien construit. Le langage le plus efficace ? Celui de l’admiration et du prestige matériel.
Le cas suisse : le retour du faste diplomatique
Lorsque la présidente de la Confédération suisse, Karin Keller-Sutter, a échoué à convaincre l’ancien président américain d’assouplir les tarifs imposés à son pays, Berne a choisi une approche radicalement différente.
Un groupe d’hommes d’affaires helvétiques s’est rendu à Washington, les bras chargés de présents prestigieux : une horloge de bureau signée Rolex, un lingot d’or d’un kilogramme, ainsi qu’un sceau doré gravé des chiffres 45 et 47 — clin d’œil à la double ambition présidentielle de Trump.
Selon des sources proches de la Maison-Blanche, les cadeaux ont été officiellement remis « au nom de la bibliothèque présidentielle », une manœuvre permettant de rester dans le cadre légal américain encadrant les dons étrangers. Quelques jours plus tard, un communiqué annonçait une décision spectaculaire : la réduction des droits de douane sur les produits suisses de 39% à 15%.
En contrepartie, la Suisse a consenti à diminuer certains obstacles commerciaux et à encourager les investissements de ses entreprises sur le sol américain.
Un précédent aux multiples reprises
Si l’épisode suisse illustre cette diplomatie du cadeau, il n’est pas isolé. Le patron d’Apple, Tim Cook, aurait lui aussi offert un objet symbolique en or à Donald Trump, dans le but d’adoucir ses positions fiscales envers la marque. D’autres multinationales et mécènes ont multiplié les gestes de générosité, allant jusqu’à financer – à hauteur de 300 millions de dollars – la construction d’un vaste hall doré près du Capitole, dédié aux réceptions présidentielles.
Même les organisateurs des Jeux olympiques de Los Angeles ont participé à cette tendance, offrant des médailles commémoratives à l’ancien président lors de leurs rencontres diplomatiques.
Un pouvoir miroir de son époque
Ces pratiques soulèvent une question plus profonde : que dit cette « diplomatie des cadeaux » du rapport entre pouvoir et image à l’ère des réseaux sociaux ?
Dans un monde où la communication prime souvent sur la substance, où chaque geste est mis en scène, offrir de l’or ou une montre de luxe devient une stratégie symbolique — celle de flatter un ego aussi médiatique qu’imprévisible.
Loin des manuels de science politique, cette diplomatie de la séduction rappelle les cours des monarques d’autrefois, où l’accès au trône passait par l’offrande. Le pouvoir se laisse charmer, et la politique, parfois, s’achète avec éclat.
À l’époque Trump, la frontière entre influence politique et flatterie personnelle s’estompe. Les nations ne se contentent plus de négocier : elles séduisent. Une diplomatie dorée, au sens propre comme au figuré, qui en dit long sur la transformation du leadership mondial.
Sources:
- The New York Times
- Bloomberg Politics
- Le Temps (Suisse)
- Washington Post
- Déclarations officielles de la Maison-Blanche
- Rapports du Bureau des douanes des États-Unis
ALG247.COM



