Mohamed Tadjadit, poète algérien du Hirak, entame une grève de la faim
Condamné à cinq ans de prison, le poète et militant Mohamed Tadjadit annonce une grève de la faim pour protester contre son emprisonnement et les injustices subies. Son geste signe la continuité de son combat pour la liberté d’expression en Algérie.
Mohamed Tadjadit, le poète du Hirak emprisonné
Mohamed Tadjadit, né le 9 janvier 1994 à Bab El Oued, est une figure emblématique du mouvement populaire algérien Hirak. D’origine kabyle, il a grandi à Alger dans le quartier populaire de la Casbah et s’est fait connaître comme un poète engagé, écrivant principalement en derdja, le dialecte populaire d’Alger. Son œuvre poétique mêle appels à la démocratie et critiques du régime, notamment à travers une poésie joliment ancrée dans le vécu quotidien des Algériens. Surnommé « le poète du Hirak », Tadjadit est une voix importante des jeunes militants qui ont contesté pacifiquement le pouvoir en place à partir de 2019.
Condamnations successives et emprisonnements
Depuis 2019, Mohamed Tadjadit a été poursuivi à plusieurs reprises par la justice algérienne. Arrestations répétées, détentions provisoires, et procès ont marqué son parcours : il a été emprisonné à six reprises, accusé notamment d’« atteinte à l’unité nationale », d’« apologie du terrorisme » et de « soutien à des organisations terroristes ». Ces accusations sont principalement liées à ses prises de parole, ses poèmes diffusés sur les réseaux sociaux, ainsi que sa participation aux manifestations pacifiques du Hirak. Le 11 novembre 2025, il a été condamné à cinq ans de prison lors d’une procédure jugée expéditive et injuste par de nombreuses organisations de défense des droits humains.
La grève de la faim pour protester
Face à cette situation, Mohamed Tadjadit a annoncé à ses avocats qu’il débutera une grève de la faim à partir de demain 16 novembre 2025. Ce geste est une forme de protestation contre ce qu’il décrit comme un calvaire judiciaire et une persécution politique qui durent depuis plus de cinq ans. Malgré son emprisonnement et les conditions difficiles, il garde un moral fort et adresse ses remerciements à tous ceux qui le soutiennent dans son combat, ont indiqué ses avocats. Cette grève de la faim s’inscrit aussi dans un contexte plus large de mobilisation des détenus d’opinion en Algérie qui dénoncent la répression politique.
Les droits humains et la liberté d’expression en Algérie
L’affaire Mohamed Tadjadit illustre les atteintes continues à la liberté d’expression et aux droits humains en Algérie. Le régime algérien est régulièrement critiqué par des ONG internationales comme Amnesty International ou Human Rights Watch pour sa répression des voix dissidentes, notamment celles liées au Hirak. Les procès contre des militants et artistes engagés sont souvent qualifiés d’injustes, fondés sur des chefs d’accusation d’« apologie du terrorisme » qui viseraient surtout à étouffer toute contestation pacifique. La gravité de ces violations des droits fondamentaux soulève des inquiétudes sur l’état de la démocratie et la protection des libertés en Algérie.
ALG247.COM avec Amnesty International, Maghreb Emergent, Le Monde, Wikipedia, France24, Amnesty.ca.
