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mercredi, novembre 19, 2025

Tribune | Quand l’humour perd son âme

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Tribune | Quand l’humour perd son âme

Par Samir Belateche – Tribune d’opinion | ALG247.com

Alors que Gaza s’enfonce chaque jour dans l’horreur et le deuil, certains médias occidentaux ont choisi la dérision plutôt que la compassion. Des caricatures publiées au nom de la liberté d’expression tournent en ridicule la mort d’enfants palestiniens. Un choix éditorial qui interroge, et qui, au-delà du trait de crayon, révèle une perte d’humanité profonde et méprisable.


Il est des moments où la plume devrait se taire, où le crayon devrait trembler avant de tracer une ligne. Gaza est aujourd’hui ce lieu du monde où la douleur déborde tout langage, où les enfants meurent avant d’avoir appris à parler. Et pourtant, certains trouvent encore matière à rire de toute cette souffrance. À Paris, dans les pages d’un journal qui se réclame de la liberté d’expression, on tourne en dérision les morts, on caricature l’indicible, on dessine les enfants amputés, comme si la souffrance palestinienne méritait moins d’égards que celle d’autres humain dans ce bas monde.

Ce n’est plus de la satire, c’est de l’inhumanité. Car la liberté sans compassion n’est qu’une forme raffinée de cruauté. Ce rire posé sur la tombe d’un enfant n’est pas un rire de courage, mais un rire de dédain — celui d’un monde qui a fini par confondre irrévérence et mépris. Ceux qui prétendent défendre la liberté par le crayon oublient que la liberté sans cœur devient indécente. On ne rit pas de la douleur des innocents, on ne joue pas avec la mort des enfants, on ne s’amuse pas des larmes d’un peuple abandonné.

Ce deux poids, deux mesures, visible à chaque ligne, à chaque silence, à chaque dessin, révèle une fracture morale : celle d’une humanité qui ne s’émeut que lorsque les victimes lui ressemblent. C’est cette inégalité du regard qu’il faut dénoncer, plus encore que les caricatures elles-mêmes. Car là où meurt l’empathie, meurt aussi la dignité.

Il ne s’agit pas de censurer, ni d’interdire. Il s’agit simplement de rappeler qu’avant d’être journalistes, artistes ou satiristes, nous sommes des êtres humains. Et qu’en se moquant de ceux qui souffrent, on cesse de l’être. Gaza n’a pas besoin de dessins : elle a besoin de conscience. Et face à cette obscénité tranquille qu’est le rire sur les ruines, c’est le silence, parfois, qui reste le dernier refuge de la décence.

Samir

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