Béjaïa : patrimoine des vieilles portes en péril, Bab EL Fouka (PORTE DES ETANDARDS) sacrifiée
La destruction et la substitution non spécialisée des anciennes portes à Béjaïa suscitent l’indignation des associations patrimoniales. L’exemple de Bab el Fouka, remplacée par une porte en aluminium, illustre le manque de conservation du patrimoine historique local.

Un patrimoine séculaire menacé
La ville de Béjaïa, connue pour ses portes emblématiques et son héritage multiculturel, fait face à une détérioration accélérée de ses monuments historiques, dont plusieurs portes anciennes, véritables témoins de siècles d’histoire. Bab el Fouka, emblématique du centre ancien, a récemment été enlevée puis remplacée par une porte en aluminium, une décision vivement critiquée par la société civile.
Bab el Bounoud : une disparition alarmante
La porte Bab el Bounoud, autrefois symbole de l’architecture locale et de l’identité collective de Béjaïa, a disparu sous l’action de rénovations dépourvues de concertation et menées par des non-spécialistes. Cette intervention maladroite n’a pas respecté les matériaux ni les normes de rénovation et les techniques traditionnelles, entraînant une atteinte grave au patrimoine séculaire de la ville.
Construite entre 1067 et 1071, Bab El Bounoud, pour rappel, appelée aujourd’hui Bab El Fouka, est flanquée de deux tourelles toujours visibles d’où les sentinelles pouvaient surveiller les alentours, et probablement surmontée d’un prétoire royal d’où le sultan pouvait admirer l’arrivée des caravanes et accueillir ses hôtes de choix. Cette porte a deux ouvertures, dont la plus authentique est celle qui se situe à gauche quand on vient de l’extérieur de la ville, alors que celle de droite aurait été fortement remaniée par les Français.

Mobilisation citoyenne pour la sauvegarde
Face à ce gâchis, de nombreuses associations de défense du patrimoine se sont mobilisées pour alerter l’opinion publique et dénoncer l’indifférence des autorités locales. Elles rappellent le rôle crucial des vieilles portes dans la mémoire urbaine et l’histoire de Béjaïa. Des appels sont lancés pour arrêter les pratiques de destruction et pour engager une politique de restauration professionnelle, adaptée à l’importance historique des lieux.
Les faiblesses de la gestion locale
Les méthodes employées pour la gestion du patrimoine par les décideurs locaux sont jugées inadaptées, voire archaïques. Malgré l’existence d’une loi sur la protection du patrimoine culturel et de documents législatifs, la mise en œuvre reste largement déficiente. Le plan de sauvegarde, pourtant prévu, n’a jamais été appliqué à Béjaïa. Le manque de moyens, l’absence d’expertise, et surtout le défaut d’implication réelle des autorités expliquent l’état critique du patrimoine bâti, soumis à des démolitions et à des transformations irréversibles.
Une histoire millénaire délaissée
Béjaïa détient l’un des plus anciens noyaux urbains d’Algérie, issu d’une stratification de civilisations romaine, berbère, espagnole, turque et française. Le centre historique, musée à ciel ouvert, porte une mémoire qui risque de disparaître si aucune action effective n’est menée. Certaines portes comme Bab El Bounoud ont bénéficié de restaurations grâce à des plans ponctuels, mais la majorité reste exposée à l’abandon et aux rénovations incohérentes.
Le cas de la porte Bab el Bounoudb est emblématique du délitement du patrimoine à Béjaïa, victime d’interventions non spécialisées et du manque d’intérêt des autorités pour la sauvegarde de l’histoire urbaine. La mobilisation des associations démontre l’urgence d’une prise de conscience collective et la nécessité d’une politique ambitieuse de conservation, soutenue par l’État et la société civile.


ALG247.COM avec sources diverses (El Watan : état du bâti ancien de Béjaïa, Rapport sur la sauvegarde du patrimoine bejaoui, UNESCO, gestion patrimoniale à Béjaïa, Horizons, restaurations patrimoniales récentes à Béjaïa, Association pour la sauvegarde du patrimoine culturel de Béjaïa, Appels citoyens pour sauver la vieille Béjaïa)



