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mercredi, novembre 19, 2025

Le magazine tunisien Nawaat suspendu pendant un mois : un nouveau coup porté à la liberté de la presse en Tunisie

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Le magazine tunisien Nawaat suspendu pendant un mois : un nouveau coup porté à la liberté de la presse en Tunisie

L’association des journalistes de Nawaat a annoncé avoir reçu le 31 octobre 2025 une notification officielle exigeant la suspension de ses activités pour une durée d’un mois. Cette mesure intervient dans un contexte de pressions accrues sur les médias indépendants en Tunisie.

Ce qu’il s’est passé

Selon un communiqué publié par Nawaat, l’Association des journalistes de Nawaat a reçu le vendredi 31 octobre 2025 « un procès-verbal d’information » l’informant de la « suspension de ses activités pour une durée d’un mois ».


La notification explique que cette suspension s’inscrit « dans le cadre d’une série de suspensions arbitraires ordonnées par le pouvoir et visant plusieurs associations militantes ». L’association indique avoir respecté les procédures légales relevant du décret n° 88 et avoir fourni tous les documents requis; elle affirme néanmoins que la notification a été émise « subrepticement », glissée sous la porte de ses locaux alors que l’équipe était présente. Nawaat annonce qu’elle appliquera cette suspension d’un mois, mais qu’elle fera appel en justice contre cette décision « inique et arbitraire ».

Qui est Nawaat ?

Nawaat est un média indépendant tunisien créé en 2004, qui s’est imposé comme un pionnier du journalisme alternatif en Tunisie et dans la région. Le média couvre l’actualité tunisienne et régionale – politique, environnement, droits de l’homme – en multipliant les formats (analyse, enquêtes, blogs, vidéos). Il est souvent cité parmi les acteurs des médias critiques face aux gouvernements tunisiens successifs.

Une série de mesures contre la société civile et les médias

Le communiqué de Nawaat précise que cette suspension intervient après une intensification des « campagnes de diffamation, de harcèlement et d’intimidation » contre l’association, ainsi que des contrôles financiers et fiscaux « menés dans le but d’entraver les activités de Nawaat ».
Ces éléments s’inscrivent dans un contexte où les libertés de presse et d’association sont considérées de plus en plus restreintes en Tunisie.

L’application du décret n°88

Nawaat évoque avoir été en conformité avec le décret n° 88, qui encadre la création et la gestion des associations en Tunisie. La mesure de suspension semble s’appuyer sur ce texte comme justification administrative.
Cela soulève, selon des observateurs, des questions sur l’usage de ce décret à des fins de restriction de l’activité associative et médiatique.

Enjeux pour le média

La suspension d’un mois pose un obstacle majeur à la continuité des publications, potentiellement à la diffusion d’enquêtes ou d’articles critiques dans une période déjà marquée par une forte répression de l’activité politique et médiatique.
La procédure de recours annoncée par Nawaat peut prendre du temps, laissant l’activité suspendue pendant la durée de l’application de cette suspension.

Enjeux pour la liberté de la presse

La mesure est perçue comme un signal fort : un média indépendant est mis sous pression au moyen d’une suspension administrative. Cela peut entraîner un effet dissuasif pour d’autres médias critiques en Tunisie.
Cela alimente bien évidemment les préoccupations des organisations de défense des droits de l’homme quant à l’espace médiatique dans le pays.

Enjeux pour le paysage politique tunisien

Cette décision s’inscrit dans un contexte politique plus large où l’opposition, les médias et la société civile affirment être ciblés. Le gel des activités de Nawaat pourrait renforcer l’inquiétude autour de la trajectoire démocratique du pays.
La suspension intervient alors que plusieurs associations militantes ont déjà subi des mesures similaires, selon le communiqué de Nawaat.

Réactions

Nawaat déclare que la mesure est « arbitraire » et s’engage à faire appel en justice. Elle appelle également à la solidarité des « voix libres » et de ses « compagnons de lutte ».
Il reste à observer comment les autorités tunisiennes répondront à ce recours, et si d’autres médias feront face à des mesures comparables. La communauté internationale du journalisme et de la liberté d’expression a d’ors et déjà placé cette affaire sous surveillance.

La suspension pour un mois des activités de Nawaat constitue une nouvelle illustration des tensions entre médias indépendants et pouvoirs publics en Tunisie.

Alors que Nawaat se pose en pilier du journalisme alternatif depuis près de vingt ans, cette mesure renforce l’inquiétude autour de l’espace de la presse libre dans le pays. Il sera crucial d’observer les décisions de justice et les réactions nationales et internationales pour évaluer l’impact concret de cette suspension sur la pluralité médiatique et la démocratie tunisienne.

ALG247.COM

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