18.9 C
Alger
mercredi, novembre 19, 2025

Algérie : la liberté d’expression des avocats remise en cause.

A lire

Algérie : la liberté d’expression des avocats remise en cause

Des associations de la diaspora dénoncent une dérive autoritaire du Barreau d’Alger.

29 septembre 2025 – Alger / Paris. Une note du Barreau d’Alger impose désormais aux avocats d’obtenir une autorisation du bâtonnier avant toute intervention dans les médias ou les débats publics. Une mesure jugée « arbitraire et illégale » par plusieurs associations de la diaspora algérienne, qui alertent sur une dérive inquiétante pour l’État de droit.

Une mesure en contradiction avec la Constitution

Le texte interne, daté du 28 septembre 2025, a immédiatement suscité l’indignation. Il contredit plusieurs dispositions de la Constitution algérienne de 2020, notamment :

Article 54 : liberté d’expression et liberté de la presse
Article 34 : garantie et protection des droits fondamentaux

« Réduire les avocats au silence ne fragilise pas seulement la profession, mais sape les fondements mêmes de la démocratie », dénoncent les associations signataires de la déclaration de dénonciation.

La loi n°13-07 régissant la profession d’avocat ne prévoit aucune restriction de ce type : elle encadre le secret professionnel et la dignité de la fonction, mais n’interdit pas la participation des avocats aux débats publics.

Une violation flagrante du droit international

Les associations soulignent que l’Algérie se place en contradiction avec ses engagements internationaux :

  • Pacte international relatif aux droits civils et politiques (article 19) : liberté d’opinion et d’expression.
  • Charte africaine des droits de l’homme et des peuples : liberté d’expression et droit à un procès équitable.
  • Principes de base relatifs au rôle du barreau (ONU, La Havane, 1990) : droit des avocats à intervenir dans le débat public.

Un verrouillage politique assumé ?

Derrière la décision du Barreau, les associations signataires dénoncent une logique de censure politique. Historiquement, les avocats en Algérie ont joué un rôle clé dans la défense des libertés et la dénonciation des abus de pouvoir.

Museler cette profession, c’est affaiblir l’un des derniers contre-pouvoirs indépendants du pays.

Sur le plan international, la mesure risque d’entacher davantage la crédibilité diplomatique d’Alger. Déjà critiqué pour ses atteintes aux libertés publiques, le régime pourrait voir son image se dégrader encore plus auprès de ses partenaires et institutions comme l’ONU ou l’Union africaine.

Les associations réclament :

  • Le retrait immédiat de la note du 28 septembre.
  • Le respect intégral de la liberté d’expression des avocats.
  • La réaffirmation de l’indépendance de la profession comme pilier de l’État de droit.

« L’avenir de l’État de droit en Algérie exige des avocats libres, indépendants et pleinement engagés dans le débat public », conclut la déclaration.

Les signataires

  • Democratic Algeria (France)
  • Solidarités Algériennes (Canada)
  • Riposte Internationale (France)
  • Collectif pour une Nouvelle Algérie Démocratique (CNAD) (Suisse)
  • Collectif des Familles de Disparus en Algérie (CFDA) (France)
  • Fédération euro-méditerranéenne contre les disparitions forcées (FEMED) (France)
  • SHOAA for Human Rights (Royaume-Uni)
  • Citizen Action for Democracy and Dignity (CADD) (Belgique)

Un test pour la démocratie algérienne

Cette controverse met à l’épreuve la capacité du régime à respecter ses propres textes fondamentaux et ses engagements internationaux. Elle pourrait devenir un symbole de résistance pour la société civile ou, au contraire, marquer une nouvelle étape dans la fermeture du champ démocratique.

Synthèse par ALG247

- Advertisement -spot_img

Plus d'articles

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

- Advertisement -spot_img

NOUVEAUTÉS