Des agressions d’une brutalité extrême secouent l’Algérie, suscitant une inquiétude croissante sur la sécurité publique. Face à cette flambée, les citoyens réclament plus d’ordre, tandis que l’État renforce sa réponse sécuritaire.
Une vague inquiétante de violence
Depuis plusieurs mois, des scènes d’agressions d’une violence inédite circulent massivement sur les réseaux sociaux, notamment à Tipaza, Oran et Chlef. Des vidéos choquantes montrent des attaques à l’arme blanche, des affrontements de rue ou des actes de délinquance filmés en plein jour. L’affaire dite de « Hicham l’Oranais », un délinquant interpellé par des citoyens à Chlef après plusieurs agressions, symbolise cette tension sociale grandissante. L’indignation publique a été telle que des habitants ont décidé de passer à l’action eux-mêmes, traduisant une perte de confiance croissante envers l’autorité publique.
Une société en proie à la peur et à la défiance
La multiplication de tels faits divers témoigne d’une montée des violences urbaines, nourrie par la marginalisation, le chômage, la répression politique et la désorganisation sociale.
Dans certaines cités, notamment à Oran, la marginalité urbaine favorise la délinquance et l’exclusion. Des études menées par le Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC) ont démontré le lien fort entre isolement social et comportements violents dans les quartiers défavorisés comme Ed-Derb (Hai El Nasr). Ces violences, qui touchent autant les grandes villes que les zones rurales, traduisent une faille profonde dans la cohésion nationale. Elles trouvent leurs racines dans la marginalisation économique, mais aussi dans la défiance envers les institutions et le sentiment d’impunité généralisé.
L’État durcit le ton
Face à ce danger pour la paix civile, le gouvernement algérien a lancé une politique musclée contre les gangs et la criminalité urbaine. Une stratégie mêlant répression ciblée et prévention sociale a été déployée. Les autorités ont renforcé les dispositifs de vidéosurveillance dans les 58 wilayas, durci les sanctions légales et multiplié les opérations conjointes entre police et gendarmerie. Ces initiatives tardent toutefois à donner des résultats palpables et visibles pour la population qui a le sentiment d’être abandonnée à son triste sort par les autorités.
Les chiffres officiels sont révélateurs : rien qu’à l’été 2025, 436 individus ont été arrêtés, 211 placés en détention et 129 groupes criminels démantelés selon la presse locale. Plus de 996 délinquants ont également été interpellés dans des opérations coordonnées sur tout le territoire.
Entre aspiration à l’ordre et risque de dérive autoritaire
Si de nombreux citoyens saluent la fermeté affichée par l’État, d’autres redoutent une généralisation des méthodes répressives. L’appel à « plus d’ordre » et à un encadrement sévère des quartiers sensibles traduit une demande croissante d’autoritarisme dans la société. Selon plusieurs observateurs et militants des droits humains, cette tendance pourrait renforcer une gouvernance sécuritaire de type autoritaire, où la peur remplace le dialogue social comme outil de régulation.
Pour les sociologues, la violence des rues ne peut être éradiquée uniquement par la force. Elle appelle à une réforme en profondeur des politiques sociales et à une restauration du lien entre l’État et la jeunesse, souvent désabusée et sans repères.
La généralisation des violences urbaines en Algérie révèle un malaise social profond. Entre désespoir social, politique et recherche d’autorité, la population oscille entre peur et lassitude. Si la riposte sécuritaire promet de donner des résultats concrets, seule une approche équilibrée et inclusive pourra prévenir durablement la dérive vers une société gouvernée par la peur.
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