18.9 C
Alger
mercredi, novembre 19, 2025

MOKRI … Ou le miroir de nos fractures

A lire

MOKRI … OU LE MIROIR DE NOS FRACTURES!

L’affaire de Abderrazak Mokri, après sa participation à la Flottille de la Liberté pour briser le blocus de Gaza, a suscité une avalanche de réactions contrastées. Mais ce tumulte ne se réduit pas à un simple désaccord autour d’un homme ou d’un courant politique : il révèle quelque chose de bien plus profond — un malaise national latent, une fissure dans notre conscience collective.

Ce qui frappe, ce n’est pas la diversité des opinions, mais la virulence avec laquelle elles s’expriment.

Les uns défendent Mokri avec passion, d’autres le vouent à la vindicte.

Pourtant, ces camps opposés partagent le même pays, le même destin.

Ils se côtoient chaque jour dans les rues, les commerces, les institutions. Mais sur les réseaux sociaux et dans le débat public, ils se dressent les uns contre les autres, comme s’ils appartenaient à deux nations étrangères.

Comment en sommes-nous arrivés là ?

À quel moment avons-nous perdu cette capacité à distinguer le désaccord de la haine, la critique du rejet ?

Pourquoi le simple fait de diverger d’opinion suffit-il à déclencher des torrents d’insultes et de soupçons ?

Ces questions ne sont pas secondaires : elles touchent au cœur même de notre cohésion nationale.

Et les réponses ne se trouvent ni dans les diatribes, ni dans la nostalgie d’un passé idéalisé, mais dans un travail d’introspection collective.

Il nous faut oser regarder en face les causes profondes de cette polarisation : les blessures non cicatrisées de notre histoire politique récente, la perte de confiance envers les institutions, la fragilité du lien social et le sentiment d’injustice qui gangrène tant d’esprits.

La première responsabilité incombe à nos élites, toutes tendances confondues.

Elles doivent refuser la descente dans la boue des querelles partisanes, et s’efforcer de rétablir un climat de respect et d’écoute mutuelle.

La diversité des opinions, des convictions religieuses ou politiques n’est pas un danger, mais une richesse si elle s’exprime dans le cadre du dialogue et du respect.

Aucune société moderne ne peut survivre sans cette culture du désaccord apaisé.

La deuxième responsabilité revient aux chercheurs, sociologues, psychologues et politologues, qui doivent s’emparer de cette question non comme un phénomène passager, mais comme un enjeu de société majeur.

Analyser les causes de la radicalisation du discours, comprendre la mécanique de la haine numérique, identifier les vulnérabilités de notre tissu social : tout cela est indispensable pour proposer des solutions réalistes et durables.

Enfin, la troisième responsabilité incombe à l’État, qui doit traiter cette division interne comme une véritable menace pour la sécurité nationale.

Car une société fragmentée, où la suspicion remplace la solidarité, devient vulnérable à toutes les manipulations.

Des politiques publiques ambitieuses — éducatives, culturelles, médiatiques — sont nécessaires pour réhabiliter le débat, réapprendre le respect et redonner confiance aux citoyens dans leur communauté nationale.

Ce qui se joue ici dépasse la figure d’un homme ou le sort d’un parti.

C’est l’unité morale de la nation qui vacille.

Et si nous n’y prenons pas garde, la fracture ne s’arrêtera pas aux mots : elle pourrait, un jour, fissurer l’État lui-même et menacer notre avenir commun.

Djaballah Saïghi @facebook 4 octobre 2025

- Advertisement -spot_img

Plus d'articles

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

- Advertisement -spot_img

NOUVEAUTÉS